DIVERS : PATRICK VALLET …. DU SABLE AU CIEL !!!!

 

Record du monde d’altitude en aéromodélisme électrique battu par un Français.

Un exemple à suivre pour l’auto et la moto du futur.

Patrick Vallet : du sable au ciel. 

Le Français Patrick Vallet est souvenez-vous de son incroyable EXPLOIT…le premier motard à avoir terminé le …Paris –Dakar sur une moto de …125cc.

C’était en 1984 !

Un exploit héroïque, alors considéré à l’époque comme infaisable…

Accidenté en 1994,  il décide pourtant de continuer dans les sports mécaniques. Ce sera l’aviation, dans sa discipline la plus pointue, l’aéromodélisme.

 

Huit années de recherches acharnées pour créer un bijou de technologie, 1,235 kg, tiré par un moteur électrique, au-delà d’une certaine altitude, on ne voit plus l’avion. Il faut donc le piloter, par radiocommandes, depuis un autre aéronef.

L’exploit technique devient aussi sportif. Et au-delà de ces exploits, c’est aussi une formidable histoire humaine.

Récit.

CHUTE ET RENAISSANCE

«  Wind, sand ans stars ». Le titre américain du plus beau bouquin de Saint Ex (terre des hommes) résume un peu la carrière de Patrick Vallet.

D’abord le sable (sand), avec cette fabuleuse année 1984 où il finit le Dakar en 125cc, puis la victoire dans la catégorie 500cc en 1989.

Son magasin La Motocyclette à Chartres devient alors un haut lieu du tout-terrain. 

Mais hélas un jour de 1994, alors que Patrick s’entraîne sur les chemins, près de chez lui, le câble de gaz se coince, c’est la mauvaise chute…

Patrick Vallet raconte.

« Dans la minute qui suit, je sais que mes jambes sont foutues et je me dis : tu fais quoi ? je me souviens qu’à ce moment je voyais la cime des arbres se détacher sur fond de ciel. Tu te bagarres ou pas ? J’ai choisi de me battre. Je me suis occupé de La Motocyclette jusqu’en 1999, où j’ai vendu le magasin. Je pouvais dès lors me consacrer à mon autre passion, l’aviation ».

LE PARRAIN DU CIEL

C’est donc le temps du vent (wind). Patrick Vallet commence bien entendu par l’ULM. C’est une façon peu chère et surtout peu réglementée de s’initier au pilotage.

Bien entendu, les commandes sont adaptées au handicap de Patrick, paraplégique au niveau T3. Il est aidé dans ses débuts par une figure prestigieuse de l’aéronautique, Dominique Maunoury, peintre de l’air et membre éminent de l’American Society of Aviation Artists. 

Cet engouement durera trois ans.  

LA MARRAINE DU CIEL

En 2002, nouvelle découverte, l’aéromodélisme. Moins cher que l’aviation civile certes sauf quand on se lance dans la compétition. Et c’est évidemment sur ce point que Patrick s’intéresse au phénomène.

Son club, Aéromodélisme Club de Chartres, a évidemment besoin de financement pour ces recherches. Cela, en bon pilote du Dakar, Patrick sait faire. (On rappellera que le vrai problème d’une participation privée au Dakar est de trouver les ronds. La galère dans le sable, après, c’est que du plaisir…). 

Il crée donc « Les records pour des fauteuils », opération de mécénat destinée d’une part à offrir des fauteuils aux organisations handisport et d’autre part à trouver des fonds pour ses avions de record.

Gros succès.

La marraine de cette opération est Catherine Maunoury. Nous évoquions les « stars » de Saint Ex, Catherine en fait partie, tutoyant le ciel et les étoiles dans les figures incroyablement violentes de la voltige aérienne, qu’elle domine en individuel et en équipe.

La double Championne du monde est aussi aujourd’hui directrice du Musée de l’Air et de l’espace du Bourget. (MAE). Beau présage… 

LA MARCHE AU TOIT DU MONDE   

C’est une très longue marche. Parce qu’en bon dakarien, Patrick sait que la clé du succès c’est l’organisation. Il prend en main les rênes du club, qui triple ses effectifs en quelques années. Du coup, la marche au titre se fait plus lentement.

Il faudra au total huit années de recherches extrêmement pointues pour trouver le bon matériel. Après un essai infructueux d’avion bimoteur, on se focalise sur la bonne idée.

Un motoplaneur.

Cela existe en taille réelle, c’est un planeur doté d’un minuscule moteur à hélice repliable, monopale, qui lui sert juste à prendre de l’altitude sans avoir à être remorqué. Pour le « petit », l’aéromodèle,  2 mètres de large pour 1,20 mètres de long, on utilisera une hélice bipale permanente, non rétractable.

Patrick essaie 40 hélices différentes, dix moteurs. C’est qu’en aéromodélisme comme dans les autres disciplines mécaniques, d’ailleurs, l’électricité est encore un monde très inconnu. C’est simple. Il faut un appareil, une batterie et un moteur super légers. (L’équation qu’aucun constructeur automobile n’a encore trouvée).

Idéal ?

Un moteur de 450 W dont on utiliserait  à peine le tiers, ceci pour « en garder sous le pied ».

Revenons aux sports mécaniques plus compréhensibles à nos lecteurs, 150 watts, c’est à peu près un quart de cheval.  L’aéromodélisme a, à son actif des records absolument considérables, mais avec des moteurs à piston.

Ici, on est dans le noir complet.

Patrick s’offre du matériel d’acquisition de données, capteurs, enregistreurs etc… et s’attaque au poids, partout, c’est une obsession.

Bilan, au bout de huit années. Un avion de 1235 grammes, dont une moitié pour la batterie. Une Billowy, du matériel ion-lithium chinois, les spécialistes mondiaux dans le petit modèle.

En essai, pilote restant au sol, on atteint 600 mètres. Parfait. Petit problème. Le record d’altitude avec moteur électrique est 3418 mètres. Il a été réalisé aux USA, le pilote étant au sol et l’avion équipé de GPS et caméra embarquée.

Ce qui est limite du point de vue de l’esprit des aéromodélistes. En principe, on pilote à vue. Et à cette altitude, impossible d’avoir l’avion en visuel depuis le sol.

Revoilà les étoiles (stars) de Saint Ex.  Il faut aller les chercher. On entre dans une tout autre dimension. Avec un nouveau truc révolutionnaire. 

LE SECRET DE LA VOILURE TOURNANTE

C’est le nom officiel de l’hélicoptère.

C’est l’idée de Patrick. Suivre son avion des yeux pendant le record, et donc se faire embarquer lui-même en hélico. Bien entendu, rien n’est simple. L’avion de record ne monte pas sous le même angle (dit vitesse ascensionnelle) et à la même vitesse linéaire que l’hélico.

Il faut donc trouver la ‘’ perle rare’’, pilote d’hélico. Parallèlement, il faut déposer un dossier à la DGAC, (Direction générale de l’aviation civile), département administratif  très attaché à la sécurité et aussi très enthousiaste sur les exploits sportifs, c’est assez rare pour être noté.

C’est sur la base de Saint Denis de l’Hôtel que Patrick trouve les oiseaux rares. L’hélico est un Ecureil B3. C’est l’appareil qui a battu le record du monde d’altitude de poser et de décollage, lorsque Didier Delsalle, en 2005, s’est posé au sommet de l’Everest à 8850 mètres, le présage est intéressant…

Le pilote est Pascal Hodeau et c’est lui qui aura la lourde tâche de garder l’avion de record en visuel, devant et au-dessus de l’hélico, pour qu’il soit bien visible en se découpant sur le ciel.

L’avion, l’aéromodèle, avec 180 W de puissance utilisée, monte à une vitesse ascensionnelle de 4 mètres seconde, sa vitesse linéaire est entre 40 et 70 km/h. Pas du tout les chiffres de l’hélico.

Cela va devenir de la bijouterie de pilotage…

Le ballet aérien ultra compliqué durera trois quarts d’heures dont les deux hommes, l’un pilotant l’hélico, l’autre pilotant l’avion de record, sortiront épuisés.

Nous sommes le 7 août 2010. 

Altitude atteinte : 3894 mètres. L’ancien record mondial, 3418 mètres, est donc battu.

On se pose (autre exercice acrobatique pour les deux pilotes) sans problème.

8 ans de travail acharné viennent d’être couronnés !!!!

Le motard du sable a rejoint les étoiles !

Et, satisfaction sur tous les plans, car le record est aussi une prouesse technique, il restait de l’énergie dans la batterie.

ET MAINTENANT ?

Maintenant, avis aux amateurs, il faut trouver à nouveau des sponsors. Parce que l’histoire n’est pas finie. On vise en premier le ‘’record du monde’’ de distance en ligne droite. Pour l’instant 168 km. Patrick veut le passer à 200 km. 

Ensuite, on reviendra à l’altitude. Le ‘’record du monde’’ des moteurs électriques de Patrick Vallet sera peut-être battu un jour mais il reste surtout à aller chercher celui des moteurs à pistons.

Plus de 8000 mètres.

En gros, ce ’’premier record mondial’’  n’était pas loin de l’altitude du Mont Blanc

Il faut maintenant vraiment aller chercher …. l’Everest !

Jean Louis Bernardelli

Photos : Team VALLET

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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