MOTO ROSSI – AGOSTINI: LA GUERRE DES DIEUX

  ROSSI -AGO ! DEUX MONSTRES SACRES…

On sait que Valentino Rossi va revenir sur les GP moto dès le GP d’Allemagne ce week-end. Et ce après seulement …. quarante jours d’arrêt, suite à une double fracture tibia-péroné, survenu lors des essais du GP d’Italie au Mugello.

Décision absurde qui fait déjà polémique.

On parle de pression de l’organisateur des GP et des sponsors.
Rossi, lui, dit qu’il s’ennuie.Un peu ce que disait … Schumacher !!!

Une folie cette reprise si vite!

 

On sait que Valentino a souffert  énormément pendant les essais faits cette semaine avant son retour en course. Mais bien sûr, sa légende l’attend.

Sur la piste de cette légende, se trouve déjà un autre italien: Giacomo Agostini.


Le Roi Ago détenteur du record absolu de victoires en GP et de titres mondiaux

Comparaison de deux palmarès

Giacomo Agostini, désormais établi à Bergame est né en 1942 à Brescia, c’est-à-dire au milieu de ce triangle sacré de la moto en Italie, qui a donné aussi les pilotes les plus incroyablement doués en tout terrain, spécialement dans l’enduro.

Sa salle des Trophées, ses salles pardon, l’une contient seulement les Coupes, 311 victoires internationales dont 122 GP, sont, sous sa visite, une vraie marche dans l’histoire. Il a gardé tous ses cuirs et ses casques, qu’il prend avec des gestes incroyablement délicats, en expliquant ce qu’ils ont vécu ensemble…

Ses 15 titres mondiaux ont été gagnés entre 1968 et 1975, soit sur une durée de huit années.

Valentino Rossi est né en 1979, un peu plus au sud à Urbino, près de Tavullia, dans les Marches, où il  réside toujours aujourd’hui. Cette ville n’est devenue célèbre que grâce à lui, mais elle est tout de même située à 10 km du circuit de Misano, preuve que les destins n’arrivent jamais par hasard !!!

Fils d’un ancien bon pilote italien, Graziano Rossi, qui participait à ce qui s’appelait encore à l’époque à la fin des années 70  ‘’ le Continental Circus’’ le jeune Valentino a vécu sa jeunesse dans sa poussette certes mais dans les paddocks !

Il a commencé à courir en GP en 1996.
Mais la gloire arrive vite… Son premier titre, il l’obtient dès… 1997.

A ce jour, sa carrière de vainqueur est donc déjà plus longue que celle d’Ago.

Mais elle, est loin d’être terminée ! Sauf pépin grave comme le récent accident du Mugello qui brutalement en sports mécaniques peut tout stopper !

Valentino a d’ailleurs déjà rejoint le fabuleux palmarès d’Agostini sur quelques chiffres que l’on croyait en son temps, intouchables.
Par exemple, Ago et ses 68 victoires en 500 cc la catégorie dite « Reine », aujourd’hui  devenue Moto GP, ont été battus en 2008.
En revanche, si l’on reste aux ‘’chiffres grand public’’, Rossi est encore largement derrière ses ainés.

Si par exemple, on compte les titres de Champion du monde, Rossi et ses neuf titres ont encore devant eux  l’espagnol Angel Nieto (13 titres) et le ‘’ Roi ‘’ Giacomo Agostini (15 titres).

Avec ses neuf titres, Rossi a néanmoins quand même égalé une autre légende, celle de Mike « the bike » Hailwood.

Bien sûr, on se souvient qu’Ago courait deux catégories le même jour. Mais justement, imaginez  qu’à Spa, (au hasard, sous une pluie battante et battante, dans les Ardennes Belges, ça ne rigole vraiment pas du tout) un pilote, juste protégé de son minuscule casque de type Cromwell et de lunettes du même acabit, sur le circuit le plus rapide du monde (avec Monza), gagne une catégorie, ait juste le temps de changer de moto et reprenne un départ !

A peine imaginable aujourd’hui, même si les ‘’ acrobates ‘’ américains qu’étaient Kenny Roberts en 1978 puis plus tard Freddy Spencer en 1985, l’ont fait !!!!

Roberts a bien roulé en 250 et 500 mais ne fut couronné Champion du monde qu’en 500. Seul Spencer a été titré la même année dans les deux catégories.

Roberts et Spencer l’ont donc fait une année (250 et 500). Ago a réussi ce pari insensé à cinq reprises (1968 à 1972, en 350 et en 500).

Par ailleurs, on a dit aussi qu’Ago manquait d’adversaires et que la MV Agusta était imbattable.

Je me souviens qu’en évoquant ces arguments avec lui, dans sa maison de Bergame, il m’avait juste rappelé les centaines de tonnes de sable qu’il avait charrié à la pelle pour se muscler, ce qui lui avait permis de dominer une moto « qu’il fallait tout de même emmener !» selon ses termes.

C’est aussi absurde que d’aller penser qu’aujourd’hui, Rossi est tellement imbattable qu’il n’a pas non plus d’adversaires.

On a aussi entendu cela derniérement à propos de Schumacher et plus loin dans les années 50 de Fangio en F1 et de Sébastien Loeb en rallye.

Bullshit…

En sport de haut niveau, son premier adversaire est soi-même. Ensuite, il y a tous les autres…

Il s’est dit aussi qu’Agostini ne s’était pas blessé. Il s’est toutefois fracassé une jambe. En soi, cet accident quasi unique est phénoménal, si l’on veut bien se souvenir qu’avant l’accident de 1973 qui a coûté la vie à Jarno Saarinen et Renzo Pasolini à Monza, les motards couraient soit en rase campagne (et dans les villages !) soit entre les rails.

En GP comme dans les innombrables courses inter de l’époque (Chimay –Mettet – Bourg en Bresse- Hengelo-Raalte)

En somme, à l’époque, le plus grand des talents était…. d’être en vie !

Pour terminer ce tableau, rappelons aussi que parallèlement aux GPAgostini a gagné à dix reprises  le dantesque  TT de l’île de Man  (Hailwwod 13 !)

Epreuve totalement mythique et absolument réservée à des pilotes vrillés, ce qui correspondait un peu à un autre titre mondial, roulé sur une journée.  Et à qui les organisateurs offraient de véritables ‘’ ponts d’Or ‘’ pour les attirer. De substantielles ‘’ Starting money ‘’ !!!

Depuis le dramatique accident survenu à l’américain Pat  Hennen en 1976, les pilotes du Championnat du monde ne s’y aventurent plus guère. Et le ‘’ TT’’ demeure exclusivement une épreuve pour les sujets de sa Gracieuse MAJESTE’’

Sur ce point, Rossi n’ira jamais faire figurer sa légende.
En revanche, hormis les GP, dans d’autres épreuves célèbres, Rossi a gagné les Huit heures de Suzuka en endurance.

Alors les chiffres parlent.

Il paraît douteux que Rossi, en courant une seule cylindrée par an, puisse rejoindre les quinze titres mondiaux d’Ago, sachant que cette année qui serait (seulement!) son dixième titre,  est déjà fortement compromise.

Quoique. A 25 points la victoire et dix épreuves à courir, à supposer que des géants comme Lorenzo aient vraiment beaucoup d’ennuis…

Après tout, Rossi n’a qu’un peu plus de 100 points de retard !

Absurde.

Ensuite, il lui resterait encore ….cinq titres à décrocher !!!

Toujours absurde… mais Rossi est un Dieu.  Alors…

Ladies and gentlemen, l’histoire est toujours ouverte !

Un point cependant. Il serait bon de laisser les Dieux s’expliquer entre eux.

Bref, que le marketing ne s’en mêle pas…

L’an passé à l’occasion du WEEA (Week end de l’excellence automobile) à Reims, Giacomo Agostini invité d’honneur par les organisateurs  avec son vieux complice Phil Read, avait déclaré à Gilles Gaignault qu’il retrouvait aprés plus de vingt ans, Gilles couvrant les GP Motos à la fin de la carrière d’Ago:

 « L’important  tu vois, c’est de ne m’être jamais vraiment fait mal tout au long de ma carrière »

On ose espérer que l’avertissement du Mugello servira à Valentino Rossi.

Car désormais, il n’est plus le SEUL GEANT en Moto GP.
Les espagnols Jorge Lorenzo et Daniel Pedrosa le forceront  à aller au delà du raisonnable pour tenter de conserver  sa couronne! Et ce n’est pas sans risque… pour Valentino !

Ce retour précipité est assurément effectivement plein de risques !!!!

Premier élément de réponse ce dimanche au Sachsenring ou Valentino retrouve ‘’son jouet ‘’ , sa Yamaha

Jean Louis Bernardelli
Photos : Teams
  et MOTO GP

Moto

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