F1 : Le messie s’accroche …

 
 

Installé depuis 1991, à la tête du sport automobile mondial, Max Mosley, le Président de la FIA,  vient de laisser entendre lors d’un interview donné dimanche dernier à Silverstone lors du GP de Grande Bretagne, qu’il ne comptait plus quitter son poste à l’occasion des prochaines élections générales de la FIA, en octobre prochain.
 
Ses arguments sont imparables:

« La situation ne permet pas que je m’en aille maintenant » dit-il.

Effectivement, la situation est gravissime pour la FIA, qui pour la première fois de son histoire,  se voit confronter à une crise mettant en cause son pronostic vital, la sécession des Teams participant au Championnat du Monde de F1.

Mais comment, et par la faute de qui en est-on arrivé là? Et surtout le remède ne serait-il pas pire que le mal?
 
Le style de gouvernance de  Max Mosley, s’apparente à l’ "Oukase" permanent:

 
Mais les temps changent.

« Je décide, je me garde de consulter qui que ce soit pour affirmer mon autorité, je fais entériner mes décisions par le Conseil Mondial du sport automobile, lequel m’obéit au doigt et à l’œil, de préférence en convoquant une réunion extraordinaire pour souligner l’importance de l’événement, je déclenche une crise aigüe et me positionne comme le sauveur. C’est simple, et jusqu’à présent ça a marché! »

Lors de la guerre FIA-FOCA du début des années 80, la donne était très différente:

la FOCA ne représentait que les Teams anglais, et en face les "Légalistes",  fidèles à la FIA, comptaient entre autres dans leurs rangs Ferrari et Renault…

Jean Marie Baleste (FISA-FIA) et Bernie Ecclestone (FOCA)

Les deux parties étaient donc condamnées à s’entendre… ce qu’elles ont fini par faire par la signature des "Accords de la Concorde" au début de la saison 1981.

Mais aujourd’hui, c’est la FOTA (Formula One Teams Association), créée pour la circonstance en septembre 2008, qui se dresse contre le Président de la FIA, et cette association comprend non seulement tous les grands Teams, mais en fait à ce jour tous les Teams moins deux (Williams et Force India), et il se murmure que "Force India" ne sait plus quoi faire, pour rejoindre le camp de la FOTA !

Cette organisation possède donc tous les atouts en mains pour mettre ses menaces à exécution, à savoir l’organisation d’un Championnat parallèle en dehors de la FIA dès 2010.

Qui pourrait les en empêcher?

A l’évidence personne, d’autant que ce conflit avec la FIA a aussi pour cause des raisons financières. En effet, le rôle du grand argentier de la F1, Bernie Ecclestone, est également remis en cause. Rappelons qu’ Ecclestone a régné en maître absolu sur les destinées de la F1, au cours de ces trente dernières années, en empochant au passage de très confortables dividendes, et rappelons aussi que … l’avocat d’ Ecclestone pendant la guerre FIA-FOCA et dans les années qui ont suivi n’était autre que… Max Mosley !

Ceci expliquerait-il que la FIA ait concédé les droits commerciaux de la F1 à Ecclestone pour une durée de …. 100 ans !  

Sans le moindre appel d’offre?

Mais ceci explique sans doute que ce système a aujourd’hui atteint ses limites, et que les principaux protagonistes de l’affaire le font savoir haut et fort.
 
Que peut-il se passer maintenant?

Selon toute vraisemblance, le Conseil Mondial du Sport Automobile qui se réunit ce mercredi à Paris, sous la présidence de Max Mosley, n’apportera rien de bien nouveau, même si on rapporte que Luca di Montezemolo, grand patron de FIAT et FERRARI et initiateur de la FOTA, y assistera en personne.

Soit, Mosley termine sa marche arrière sur toutes les propositions qu’il avait faites et déguise cette déroute en grande victoire, comme il sait si bien le faire, ou la FOTA met à exécution ses plans et monte son  propre Championnat pour 2010, et ce n’est pas le recours de la FIA à des procès tous azimuts qui changera la donne, ceux-ci n’ayant aucune chance d’aboutir avant plusieurs années, à supposer qu’ils puissent aboutir, lorsque qu’une telle stratégie n’intéressera de toute manière strictement plus personne. 
 
Mais paradoxalement, c’est la solution du Championnat parallèle qui serait la meilleure pour le sport automobile, car le problème aujourd’hui n’est pas la FIA en tant que telle, mais son Président, dont l’attitude déclenche ces crises, et qui s’accroche à son siège contre vents et marées, comme il l’a prouvé il y a un an lors du grand scandale qu’il a provoqué par l’étalage de ses frasques sexuelles dans tous les médias du monde, qui a eu la double conséquence d’affaiblir considérablement l’image de la FIA à l’extérieur, mais aussi en interne, en "utilisant" les votes des petits pays contre les grands pour se maintenir, en transformant son assemblée générale, en tribunal des mœurs!

Il faut donc "un signal fort" et immédiat pour que la FIA, retrouve une gouvernance normale et puisse rejouer pleinement le rôle qui n’aurait jamais dû cesser d’être le sien:

Un vrai pouvoir sportif mondial à l’écoute des différentes parties prenantes, se positionnant en arbitre impartial.

Une seule solution pour en arriver là et éviter la mort de l’institution en la transformant en coquille vide:

Le départ immédiat et sans conditions de son Président actuel.  Qui n’a plus la légitimité du à son rang, étant récusé par les principaux acteurs, qui font vivre la FIA !

Gilles Gaignault

Photos: Bernard Asset- Bernard Bakalian –Patrick Martinoli

Sport

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