Le SuperKart ou les fous volants

    

Le SuperKart surnommé le 2 ½, est une discipline hybride, enfantée par le mariage du karting et de l’auto.

Elle souffre aujourd’hui de cette conjonction qui la rend difficilement classable en pratique, mais sachez qu’elle appartient au monde du Karting officiellement et donc régie par la plupart de ses codes et sa gouvernance fédérale, mais qu’elle ne concoure que sur des circuits Auto en parallèle d’autres Championnats plus ou moins prestigieux lors des meetings nationaux.
(Coupe de France des circuits, Rencontre Peugeot, Championnat  FIA des camions etc. et même en programme annexe de la F1 au GP de France 2007!

Cette catégorie sportive affole les chronos lors de leurs prestations

1) Elle se situe au firmament de la vélocité, en raison de l’excellent rapport poids puissance. Retenez 230 km/h pour seulement 250cc. Sur la plupart des circuits, lorsque vous répertorier la liste des records de la piste, c’est en haut de liste que vous repérerez le meilleur chrono d’un de ces engins, le situant pas loin de celui obtenu par les monoplaces actuelles les plus rapides, style Formule Renault 2 L ou les GT1 des Super Série FFSA.


Leur configuration restant stable, il y a peu de raisons objectives pour que les meilleurs tours s’améliorent considérablement, alors que les formules citées en comparaison ont profité d’un accroissement conséquent de puissance qui a fait exploser leurs chronos.

A titre de comparaison :

 A Nogaro, au tableau d’honneur le record de la piste reste détenu par une F3000 Reynard  à l’époque conduite par Alesandro Zanardi (1’20’’ 16’’’) devant une F3 et le SuperKart (1’23’’ 016’’’) et la Dome-Judd du FIA Sportscar, puis viennent toutes sortent de catégories (GT, Coupes de Marques, Endurance et autres formules historiques).

 A Magny-Cours, le circuit du GP de France et sa surface lisse, la hiérarchie est en faveur des monoplaces dont c’est un terrain de prédilection. Le rang du Kart 250cc est donc plus difficile à tenir, mais demeure au top de la longue liste des catégories répertoriées. Pour comparer, nous devons nous reporter aux chronos obtenus en 2007 car le Superkart courre depuis avec les frimas de novembre. Lors du rendez-vous du GP de France, la plus rapide des F3 Euroséries, fut celle du jeune tout juste promu en GP2,  Kobayashi en 1’33’’323’’’ aux essais, et en course, celle de Romain Grosjean (1’33’’141’’’), pour 1’42’’230’’’ ce même week-end, réalisé par M.Owens  qui deviendra  Vice-champion d’Europe de SuperKart.

Le record de la piste en Superkart fut battu en 1’40 ‘’610’’’(D.Payart). Ce temps au tour est certes un peu moins rapide que celui des Formule Renault 2.0 (J.Bianchi 1’37’’373’’’) ou de GT1 dont la Corvette C5R et la Saleen S7R en 1’37’’7’’’ réalisés l’été, mais similaire à une Norma (Proto) configurée pour le Sprint et plus véloce qu’une GT, Porsche 996 ou Ferrari 430, et autres coupes de toutes sortes (Clio, 206cc), Supertourisme, WTCC et formules de Série FFSA ou privées.

2) C’est une discipline ou l’on peut relever quelques palmarès riches d’anecdotes et d’exploits rares, ainsi le Champion 2008, Damien Payart vient d’acquérir son 8ème titre consécutif malgré une concurrence accrue, complétant un CV que peu de pilotes toutes catégories confondues de Sport Automobile peuvent se vanter d’égaler, si ce n’est justement un de ses illustres prédécesseurs, Eric Gassin. Le premier Champion de France fut Michel Trollé qui continua sa vocation avec éclat jusqu’à la F3000 dans l’écurie GDBA, avant qu’un grave accident survenu l’été 1988 à Brandzs-Hatch ne perturbe la suite de sa brillante carrière. Quand des pilotes de notoriété s’essayent à ce type d’engin, ils sont bluffés (comme D.Coulthard). Pas de question de limite d’âge non plus! Ainsi, Martin Hines un des précurseurs obtint son 4ème titre européen, quinze ans après son 1er sacre !

Le dossier ci–après devrait vous familiariser avec cette spectaculaire discipline.

Historique

Le Superkart est une invention britannique, ce qui n’étonnera personne, du début des années 1970. De châssis bricolés, nous sommes passés aux carrosseries intégrales. Evidement beaucoup de marques historiques sont originaires d’outre-manche, mais les constructeurs artisans sont rares et plus continentaux. C’est d’abord le Nord de l’Europe qui importe cette vocation puis les USA avant que la France ne devienne une des terres d’accueil privilégiées. La reconnaissance internationale est validée par le 1er Championnat d’Europe en 1976. Le 1er Champion officiel est Dave Buttigieg et à ce jour un des plus titrés, avec 3 couronnes mondiales et 4 européennes.

Le Britannique M.Hines est le 1er champion du Monde en 1983, il Fut couronné auparavant Champion d’Europe – alors que les 2 titres coexistaient – qu’à sa 2ème tentative (1977). Il est devenu une des figures légendaires de la discipline (3 titres mondiaux sur 14 délivrés, et 3 européens). Mark et Martin Hines s’installent vite constructeur et resteront la référence durant environ 15 ans avec leur marque ZIP-Kart. Une nette évolution est venue de l’implication du Danois Paoul Petersen (toujours pilote en activité)  qui reçu sa 1ère consécration en 1979 à l’Europe récidivant en 85, remportant entre temps 2 titres mondiaux. En effet passant constructeur, il révolutionna le concept des châssis, ainsi lorsqu’il gagne les championnats du monde et d’Europe 1985 sous sa marque (PVP) il utilise une nouvelle triangulation du train avant. Eric Gassin le plus titré des Champions Français (10 titres hexagonaux) lança avec son père sa propre marque (Nissag) et domina la catégorie sur le plan international en 87-88

Technique

Un Kart 250cc est un châssis tubulaire carrossé, freins à disques avant et arrière, direction à crémaillère. Il exista deux divisions mono et bi-cylindre (c’est encore le cas en GB) mais seule subsiste les deux cylindres deux temps 250 cc à refroidissement liquide. (Refroidissement que toute la famille Karting a adopté aujourd’hui) 

La puissance est estimée à 95 ch pour des régimes moteur raisonnables : 13 000 tours/minute. On a déploré une certaine fragilité qui tend à s’estomper. Les marques impliquées sont rares et les tests réduits, il s’agit bien évidemment de matériel fabriqué en très petite série.

a) Châssis : Contrairement au Karting traditionnel, un châssis a une durée de vie longue, selon son état et son entretien, de très bonnes occasions peuvent servir de base à un package qui jouera les podiums aux mains d’un pilote non seulement appliqué mais aussi bon metteur au point. Beaucoup de châssis sont de marque PVP, nous trouvons encore également des EMA, châssis français proposé par Daniel Michaux, qui se consacra par la suite au développement de barquette pour l’endurance. Les Britanniques de pointe sont équipés Anderson ce qui semble séduire quelques européens depuis  2008. Nouveauté 2008 la marque tchèque MSKart.

b) Motorisation : Pendant près de 20 ans, le moteur de référence fut le Rotax 256, moteur bi-cylindre en tandem à admission par valve rotative (originellement issu des GP moto) qui équipera parfois presque tout le plateau d’une course.
Grâce à sa configuration, ce Rotax 256 était le moteur idéal, sa faible largeur favorise la position médiane du centre de gravité. Il lui est adjoint une boite de vitesses à 6 rapports, de guillotines d’échappement, destinées à faire varier le diagramme et de 2 carburateurs de 38 à 42 mm

Toutefois en 1990, Rotax décide d’arrêter la commercialisation du 256. En moto la mode est passée au moteur en V. Le stock sur le marché est suffisamment abondant pour que les équipes continuent sur leur lancée et effectuent au mieux leur maintenance. Le marché de l’occasion est du reste dynamique, mais vers la fin des années 1990, les utilisateurs de Rotax commencent à être confrontés à des problèmes de fiabilité, notamment avec les carters.
Plusieurs professionnels décident alors de réaliser des carters adaptables avec plus ou moins de réussite. Les Français Francis et Damien Payart (le père et le fils) tous deux ingénieurs mécaniciens de formation et pilotes de Superkart ont monté la structure FPE. Ils redessinent les pièces, résolvent au mieux les problèmes évoqués. La durée d’exploitation des anciens Rotax se trouve ainsi prolongée durant quelques années.
Poussé par la clientèle, FPE décide alors de se lancer dans la conception et la réalisation d’un moteur complet en y apportant leur expérience tout en conservant les avantages initiaux du Rotax (valves à l’échappement, boite extractible, architecture tandem, sortie pignon à chaîne etc.), et lance leur FPE TWIN RACING 250cc en mars 2002. Ils obtiennent avec Damien un titre de Champion de France dès la première saison, suivi des titres européens 2003 et 2004. En 2005, FPE cumule : Vice-Champion d’Europe, champion d’Allemagne, champion de France pour la 5ème fois, et vainqueur à Laguna Seca du Superstar of Superkart devant des pilotes nommés Eddy Lawson ,Kévin Schwantz ou Wayne Rainey.

Le fabricant italien SGM plus connu dans le milieu du Karting 125cc tente en 2002 la réalisation d’un moteur . Le Français François Vinuales (Champion de France 2000 et podium au championnat d’Europe 2003 et 2004) assure son développement, mais le moteur souffre de quelques problèmes de jeunesse et ne perce pas véritablement. Les pays nordiques utilisent encore beaucoup le Rotax et le Yamaha en V, redoublant d’ingéniosité pour leur trouver performance et fiabilité, mais les nouveautés se font enfin jour.

PVP est devenu motoriste, et semble prendre la voie du succès en raison non seulement de ses performances dès le début de développement mais aussi de son rapport coût-performance.  (Premières victoires en 2007).  Puis vient de percer au cours du Championnat d’Europe 2008 un moteur DEA italien (les transalpins s’intéressent sérieusement enfin à la discipline) déjà dans le coup avec M.Owens (ADE-DEA) podium sur la manche du Lauzistring et un VM en phase de développement mais qui fait déjà des adeptes (S.Malm et M.Bartack).

Championnats

Il exista un Championnat du Monde entre 1983 et 1995, mais le cœur de la compétition reste l’Europe, hormis les USA qui eux ont un championnat spécifique, spectaculaire, indépendant. C’est pourquoi la reconnaissance internationale se dispute à l’occasion d’un Championnat d’Europe en 3 manches. (cette année Magny-Cours, Assen et Sachsenring)

Historiquement le premier Championnat national est anglais (MSA), il fut longtemps la source de bien des vocations puisque le ferment des marques et des pilotes d’origine anglo-saxonne y compris les nordiques, celui des teams les plus illustres, (le Baker team par exemple incluant nombre de favoris sous l’égide de Graham Baker qui ne fut pourtant Champion d’Europe lui-même qu’en reprenant le volant en 2006). Mais les difficultés d’organisation semble le contraindre aujourd’hui à devenir moins représentatif, hormis peut-être le GP SuperKart de Cadwell Park qui attire nombre de compétiteurs et jouit d’une forte notoriété.
Deux championnats sont devenus majeurs sur le continent et accueillent par intermittence la plupart des pilotes qui visent la gloire.
 
– le Championnat de France qui permet aux Anglais, aux Suédois de courir assez régulièrement et ainsi s’entraîner, aux Espagnols de découvrir le niveau nécessaire avant les joutes internationales.
– Le Championnat d’Allemagne appelé SuperaceKart dont le vainqueur 2006 et 2007 est S.Malm? pilote régulier en France (Il fut vice-Champion 2006) et qui vit débarquer les britanniques depuis 2007. 

La nation parent pauvre est curieusement l’Italie, pourtant  » Reine  » du Karting traditionnel d’un coté,  passionnée de Sport Auto et terre d’équipes renommées, mais absente de ce contexte.

Le Championnat d’Europe existe depuis 1976, couronnant tour à tour Buttigieg (4 titres), Hines (4 titres), Petersen (2 titres), les Français Gassin et Payart (2 fois) mais reste le jardin des britanniques qui trustent les titres. Souvent battus sur les courses continentales de divers Championnats, ils savent se motiver et se préparer dès qu’il s’agit de glaner la plus prestigieuse récompense. Récemment ce fut Gavin Bennett (2007) qui succède à G.Baker et J.Riley, mais 2008 consacra un pilote jeune allemand  connu en la personne de Peter Elkamm qui revient à la compétition via cette discipline alors qu’il fut un des protagoniste de l’EuroSérie F3 2006 gagnée à l’époque par Paul .Di Resta devant un certain…  Sébastien Vettel, l’un aujourd’hui en DTM et l’autre en F1 (Série qui comprenait S.Buemi ou R.Grosjean)

La discipline est accessible financièrement en comparaison des coûts engendrés dans beaucoup d’autres disciplines et nécessite une logistique (transport) moindre.  Le rapport poids-puisssance favorise les sensations. Le matériel dure, un certain nombre de châssis sont disponibles sur le marché d’occasion.

 Inconvénients ?

Le peu de roulage annexe qui permet de se familiariser ou d’entreprendre des mises au point, les Franciliens se retrouvent parfois au circuit Carole, situé au nord de Paris.

Texte et photos : Jean Christophe Bourlat

Karting

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