Les usines automobiles baissent le rideau en décembre

 

Le constructeur japonais Toyota fermera pendant deux semaines en décembre et une en mars son site français d’Onnaing, près de Valenciennes, qui assemble la Yaris. 

Chute des ventes plus forte que prévu, hausse des stocks, perspectives sombres… Un à un, tous les constructeurs annoncent des arrêts de production de plusieurs semaines.

Ainsi, après Renault et Peugeot, il y- a quelques jours c’est maintenant le cas hier de Volkswagen et Porsche, et aujourd’hui c’est au tour de Toyota à Valenciennes.
 
On redoutait un coup de froid pour l’industrie automobile européenne, c’est le scénario le plus noir qui déboule. Il ne se passe plus une journée sans qu’un constructeur n’annonce l’arrêt d’un de ses sites pendant plusieurs semaines d’ici à la fin de l’année. À l’heure du décompte, la quasi-totalité des lignes seront arrêtées en décembre, soit, en théorie, 500 000 à un million de voitures qui ne sortiront pas des chaînes dans les prochaines semaines !

Les constructeurs n’ont guère de choix. Les ventes chutent, 14,5% en Europe sur le seul mois d’octobre, et les stocks, très coûteux dans l’automobile, logiquement explosent. Les parkings à la sortie des usines sont pleins à craquer. François Fillon a évoqué le chiffre d’un million de voitures en stock pour les seuls constructeurs français. Renault réduit sa production de 25% au dernier trimestre comparé à l’année précédente. PSA Peugeot Citroën diminue ses cadences européennes d’au moins 20%.

 

Et ce n’est qu’un début. Les prévisions de production sont revues chaque semaine.

« On va bientôt arriver à une date où il sera impossible de programmer des coupes de production, parce qu’il n’y aura plus de production », a déclaré récemment Michel Gornet, le directeur général adjoint en charge des fabrications et de la logistique chez Renault.

Pour l’heure, la quasi-totalité des usines du groupe sont affectées par des arrêts de production. L’usine de Flins est ainsi fermée jusqu’au 3 décembre. Même le site roumain de Pitesti, qui assemble la Logan – dont les ventes étaient jusqu’ici spectaculaires -, est actuellement à l’arrêt pendant deux semaines. Les périodes de fermeture des usines françaises pour le mois prochain seront annoncées prochainement en comités d’établissement.

Du côté de PSA Peugeot Citroën, les sites de Sochaux et de Rennes ne produiront qu’une semaine en décembre, avant de fermer un mois. Même situation à l’usine de Poissy, qui interrompra ses activités du 28 novembre au 1er décembre, puis du 9 décembre au 6 janvier.

Preuve de l’ampleur du coup d’arrêt, Toyota, véritable modèle pour l’industrie, a annoncé hier la fermeture pendant deux semaines en décembre et une en mars de son site français d’Onnaing, près de Valenciennes, qui emploie 4 000 personnes dans le Nord. La CGT affirme que cette mesure entraînera le départ de plus de la moitié des intérimaires de l’usine (450 sur 750). Le constructeur japonais va par ailleurs réduire sa production dans cette usine – qui assemble la Yaris – de 20% à partir de février. Le numéro un japonais ralentit aussi le rythme dans ses usines aux États-Unis et au Japon et se sépare de 3 000 intérimaires sur son territoire national.

Même Volkswagen et Porsche sont touchés

Hors de France, même scénario. Volkswagen, qui résistait jusqu’à présent mieux à la crise que ses concurrents, envisage d’interrompre ses activités pendant trois semaines à Noël sur son principal site allemand, à Wolfsburg. La mesure, qui doit encore être discutée avec les syndicats, toucherait 16 000 salariés. Parallèlement, Porsche, le constructeur le plus rentable du monde, prévoit sept jours d’arrêt d’ici à la fin janvier 2009 à Zuffenhausen.

Des mesures qui viennent après les annonces de chômage partiel chez Opel (filiale de l’américain General Motors), Daimler (Mercedes-Benz) et BMW. Ce dernier prévoit par ailleurs de faire disparaître plusieurs centaines de postes d’intérimaires à Leipzig, en plus de son plan de 8 100 suppressions d’emplois dans le monde.

Autre pays particulièrement touché, l’Espagne. Les ventes baissent de plus de 30% depuis plusieurs mois et le pire est probablement à venir.

« Sur les trois derniers mois de l’année, nous calculons que ce marché (l’Espagne) connaîtra une baisse des ventes comprise entre 45% et 55% » par rapport à la même période en 2007, prédit Jean-Pierre Laurent, président de Renault Espagne.

Dans ce contexte, Nissan réduira ses effectifs de 1 680 ouvriers dans son usine de Barcelone. Ce type d’annonces se multiplie tant le marché espagnol est sinistré. Ford va mettre environ 5 000 de ses ouvriers de l’usine de Valence au chômage technique pendant 21 jours au premier semestre 2009, a-t-on appris hier de source syndicale.

La Grande-Bretagne n’est pas non plus épargnée. Honda, entre autres, fermera son usine de Swindon au cours du mois de décembre et en totalité en février et en mars. Les constructeurs européens ont donc plus que jamais besoin d’une aide de l’Union européenne attendue d’urgence.

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