WRC en Nouvelle-Zélande : Latvala se retrouve par stratégie des leaders aux commandes !

 

 
 
Sébastien Loeb en responsable que lui confèrent ses quatre titres mondiaux et consécutifs a décidé de jouer la stratégie lors de la seconde étape du rallye de Nouvelle-Zélande.

Après une première partie de journée consacrée à refaire son retour et à revenir dans la roue de Mikko Hirvonen, son grand rival, le pilote Citroën a finalement choisi de rétrograder en troisième position lors de la dernière spéciale, afin de laisser à ses deux rivaux de Ford le soin d’ouvrir la piste ce dimanche.

Il pointe donc désormais au troisième rang, à 13 secondes de Jari Matti Latvala. Et se retrouve juste derrière Hirvonen !!!

A la peine vendredi, le Champion du Monde Français a nettement réagi ce samedi et a réussi à mettre une grosse pression à Mikko Hirvonen, solide leader au début de la journée. Sur les quatre premières spéciales du jour, Sébastien Loeb a ainsi réduit son retard de 27 à … 5 petites secondes !

Et il s’est idéalement placé avant les dernières spéciales décisives de ce dimanche.

 

En continuant sur sa lancée, le pilote Alsacien aurait même sans doute pu prendre la tête de la course. Mais il a volontairement choisi de couper son effort dans la treizième et dernière spéciale du jour.

Victime de ces choix tactiques en Jordanie et en Turquie, la firme aux chevrons a donc choisi de l’appliquer elle-aussi, même si cela déplaît à Loeb, qui avait quand même annoncé son choix à l’avance :

«Ford l’a fait, on le fait à notre tour. On est tout le temps en train de parler de tactique de course au lieu de régler les voitures et d’attaquer à fond de bout en bout. Ce n’est pas marrant, le rallye ce n’est pas ça. Je trouve ça nul. »

Un choix risqué ?

Le Français a donc tranché :

 « Avec l’équipe, nous avons estimé que 4,2 secondes ce n’était pas une avance suffisante pour disputer l’étape de demain en ayant à ouvrir la route. À contrecœur, j’ai laissé repasser mes adversaires. Cela ne correspond pas du tout à l’idée que je me fais du rallye qui est une discipline où le but est de rouler plus vite que les autres… pas de freiner !, a-t-il regretté. Des propos repris sur le site de son équipe Citroën Sport. Il y a cependant des règles que nous devons exploiter. Nous verrons, demain, si ce choix était le bon… »

Ayant rigoureusement opté pour la même stratégie, Mikko Hirvonen a lui aussi laissé la tête de la course à son coéquipier Latvala, et Loeb se retrouve donc troisième. En ralentissant peu avant la ligne d’arrivée, il a laissé passer Hirvonen et Latvala pour leur laisser la mission délicate d’ouvrir la piste dimanche. L’objectif est simple, avoir une route plus propre pour rouler plus vite et essayer de s’imposer sur le fil. Le coup est peut-être risqué, réponse dimanche pour l’épilogue de ce rallye passionnant.

Pour la première fois, Sébastien Loeb alors qu’il était en tête a donc usé de la tactique pour se positionner derrière la Ford de Mikko Hirvonen  samedi soir… Mais à regret et sans s’en cacher. Ford a répliqué à la ruse et à la stratégie de Citroën en faisant passer… Jari-Matti Latvala en tête !!!

Un jeu de dupes qui ne sert franchement pas l’image du rallye. Mais ces deux firmes jouent tout de même le titre mondial. Et chaque point peut compter d’ici le 30 novembre prochain  à Swansea au Pays de Galles

Parti samedi matin avec 27 secondes de retard sur Hirvonen, qui ouvrait la route et était donc obligé de balayer une épaisse couche de "gravette", Loeb a bien profité de cette position favorable et d’abord repris 20 secondes au Finlandais en l’espace des trois spéciales (ES6 à ES8).

Après la super-spéciale de Mystery Creek (ES9), trop courte (3 km) pour jouer un rôle, et surtout la première grande spéciale de l’après-midi (Te Akau South, ES10), dix fois plus longue (31 km), Sébastien Loeb avait enfin pris la tête du classement, pour la première fois depuis le départ, mais avec une marge insuffisante à son goût: Quatre secondes seulement.

 

Même en ajoutant cinq ou six secondes supplémentaires glanées dans l’ES11 (Te Akau North, 32 km), quand le dernier temps partiel s’est affiché dans l’habitacle de la C4 de Loeb, le compte n’y était pas: 10 secondes d’avance au lieu des 18 qu’il visait comme marge minimum pour prendre le risque de balayer la route dimanche, lors des cinq dernières spéciales (85 km chronométrés). C’est donc la première fois que Loeb reprend à son compte une tactique expérimentée avec succès par Ford en Jordanie, aux dépens de Dani Sordo, et utilisée à nouveau en Turquie quand Loeb, obligé de jouer les balayeurs de luxe, vendredi et samedi, a dû finalement se contenter de la troisième place sur le podium.


 

Latvala en tête !

En Nouvelle-Zélande, le titre Mondial commence à se jouer.  Donc pas question de renoncer à une tactique qui a déjà fait ses preuves chez Ford, même si elle va contre les principes de Loeb. L’Alsacien n’a pris personne en traître, il a annoncé ses intentions samedi à midi, puis il a mis sa menace à exécution.

 « Ford l’a fait, on le fait à notre tour » , regrettait d’ailleurs Loeb samedi soir.

Cette journée de dupes ne fait qu’accréditer la thèse d’Olivier Quesnel. Le patron de Citroën Sport peste depuis début 2008 contre le nouvel ordre de passage qui handicape trop, sur la plupart des rallyes ‘terre’, le leader du Championnat le vendredi, le leader du rallye samedi et dimanche.

Dans cette partie de poker menteur il y a eu samedi un dernier coup de maître de Wilson, le patron de Ford en rallyes, impossible à contrer par Citroën : Latvala, sur l’autre Focus d’usine, a terminé en trombe (temps scratch dans l’ES11) pour passer en tête, avec 9 secondes d’avance sur Hirvonen, 13 sur Loeb et 15 sur Sordo.

Le jeune Finlandais ouvrira donc la route dimanche matin, sacrifié peut-être sur l’autel de la course d’équipe, et permettra à Hirvonen de perdre un peu moins de temps que s’il était parti le premier. Mais qui sait, Latvala réussira peut-être à rester devant jusqu’au bout… Et à scorer les gros points de la victoire qui vont avec ! Qui sait alors si Loeb et Citroën n’auront pas fait la bone affaire…

Malcolm Wilson a peut-être été devin ! Voici ce qu’il pensait ce samedi soir :

« Quand nous avons vu Loeb ralentir à la fin de la dernière spéciale, nous avons pris dans l’instant la décision de laisser Jari-Matti saisir sa chance et se construire un gros écart en tête. Bien sûr, ça veut aussi dire que Mikko  aura le désavantage d’être deuxième sur la route dimanche. Avec quatre pilotes en 15 secondes, le dernier jour va être excitant »

En tout cas, Hirvonen paraissait serein. En témoigne ces déclarations :

« Je savais pertinemment que j’allais perdre du temps, mais ce fût plus que prévu. Il y avait tellement de gravier en surface que c’était très glissant. Ce fût le jour le plus dur du rallye car chaque spéciale n’était parcourue qu’une fois et je n’ai eu aucune chance de rouler sur une route propre. Quand les routes étaient rapides, j’ai pu rivaliser avec les chronos de Loeb mais pas dans les sections lentes ; il y avait trop de gravier. J’en ai terminé de cette rude journée et les écarts ne sont finalement pas énormes. Le pilote, la voiture, les notes et le rythme étaient vraiment bons. Tactiquement, je ne pouvais rien faire car j’étais premier sur la route. Je suis dans une bonne position et tout ce que je peux faire est d’essayer d’aller plus vite qu’eux (Latvala et Loeb) dimanche. Ça sera serré, je suis impatient de voir ce que ça va donner. J’ai une bonne position sur la route mais Loeb en a eu une meilleure. Si j’avais choisi, j’aurais choisi de passer 4e »

Quant à Latvala l’inattendu ledaer, il ajoutait :

« C’est une super sensation de mener ce soir mais ça pourrait m’apporter des difficultés dimanche. Je voulais rattraper Loeb et je m’attendais à être dans le Top 3 mais pas de mener. J’ai piloté à fond dans la dernière spéciale et je devrais faire la même chose et être précis. La chose la plus importante est de ne pas s’inquiéter d’être premier sur la route. Etre fort mentalement sera la chose la plus importante. Ça fait six mois que je n’ai pas gagné (Suède). Peut-être est-ce que ça va se terminer comme l’an dernier, où Ford avait gagné pour 0.3 sec »

Et si finalement il avait raison !

Mais qui des trois sera le vainqueur ???

Le mot de la fin nous le laissons à Olivier Quesnel boss de l’équipe Citroën :

« Le final promet beaucoup. A nous de faire en sorte que le résultat soit à la hauteur de nos espérances  »

 

Gilles Gaignault

WRC

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